Notre civilisation est matérialiste1, dès lors difficile de ne pas en venir à considérer l'amour autrement que comme un produit cognitif, dont la définition est manipulable au grès des idéologies dominantes2.
Le soucis en vivant l'amour à travers le cadre de fausseté et de mensonges du mental plutôt que purement par le présent, c'est que nous allons nous faire des suppositions sur la réalité, nous allons enfermer l'amour dans un carcan, le condamner ; parfois nous nous interdisons d'aimer et entretenons le cercle vicieux de la souffrance.
A force d'accumuler compromis et frustrations nous pourrions en venir à penser que la vie est injuste, que nous avons un problème, que nous sommes maudit/e ou que toutes les personnes du sexe opposé sont mal-intentionnées ; nous pouvons finir par être dégoûté et nous résigner à une vie de regrets, à moitié éteint parce que déconnecté, fâché avec l'amour parce que selon nous il ne tient pas ses promesses ; mais les promesses dont il s'agit sont celles de notre mental endoctriné ; l'amour n'a pas d'engagement autre que celui de l’authenticité du présent ; lors d'une déception amoureuse ce n'est pas l'amour qui est déçu mais notre ego parce que ses conditions n'ont pas été remplies.
L'amour n'a pas besoin de raison ; le rôle du mental est de nous permettre de manipuler des concepts pour nous aider à communiquer, il n'est pas de définir l'amour, l'amour est indéfinissable, ineffable ; et en cherchant à le définir, on s'en éloigne car l'amour est du domaine empirique, il n'a pas d'équivalent dans nos pensées ; l'amour est un état d'être dans lequel les pensées sont absentes ; de la même manière que « la carte n'est pas le territoire », les définitions de l'amour ne sont pas l'amour ; penser aimer, ce n'est pas aimer ; on peut bien trouver des formulations intéressantes mais tout au mieux elles seront une aide pour éprouver en nous l'état d'amour.
Chacun a l’amour en soi ; c'est lorsque nous arrêtons de rechercher l’amour à l'extérieur et que nous décidons de le voir en nous, de le savoir en nous, d'ouvrir notre conscience à sa présence, que nous accédons à une perspective qui nous permet de ne plus en souffrir.