Les mensonges sont devenus courants ; du simple « ça va » quand ça ne va pas, aux affirmations pour ne pas être accusé, aux désirs charnels non exprimés ou aux auto-attributions d'une action qui n'est pas de notre fait pour en tirer les mérites ; mentir est facile, parfois essentiel dans un cadre social où faire des erreurs est mal venu.
Nous pouvons mentir sur nos préférences pour être en accord avec les goûts de notre partenaire, parce que l'idée de couple fusionnel concorde avec la vision de l'amour idéal que nous avons, mais aussi parce que notre éducation nous a amené à croire que désaccord signifie désamour1 ; ainsi il n'est pas forcément aisé d'exprimer sainement que nous avons un avis différent à notre partenaire ; centralisé sur notre mental, donc sur nos opinions, nous pouvons réagir avec susceptibilité, prendre cette divergence personnellement et nous sentir mal ; et c'est encore moins évident pour les sujets épineux et intimes ; pour ce qui est de l'amour, nous n'abordons généralement pas vraiment le sujet et considérons que nous avons la même vision puisque nous vivons dans la même culture ; mais parfois des semaines après le début de notre relation nous découvrons stupéfait les positions idéologiques de notre partenaire contraire aux nôtres.
Lorsque nous avons presque toujours eu un/e partenaire nous ne savons pas forcément comment faire pour être bien avec soi-même en étant seul/e; ainsi parfois nous préférons mentir à notre partenaire, faire comme-ci ça va bien alors que la relation est pour nous déjà caduque ; nous mentons le temps de nous trouver un/e nouveau/elle partenaire afin de ne pas avoir de période durant lesquelles nous nous retrouvons seul/e.
Nous avons parfois besoin d'exprimer notre désaccord et dire non, mais cela peut s’avérer difficile pour tout un tas de raison qui peuvent nous limiter dans notre capacité d'expression : on n'arrive pas à s'affirmer, on manque de confiance en soi ; on a peur de décevoir l'autre, que l'autre le prenne mal, peur de le vexer ; on a l'impression d'être méchant/e ; on a peur de ne plus être aimé ; on ne veut pas faire de la peine, ni blesser ; on ne veut pas que les autres pensent du mal de nous ; on a peur du conflit ; on pense que les volontés de l'autre doivent passer avant les nôtres si on veut être une bonne personne. Autant d'excuses qui sur le long-terme ont trop souvent des conséquences désastreuses sur notre capacité à être heureux/se.
Ne serait-ce pas merveilleux si nous osions exprimer librement nos désirs, nos envies, nos craintes et nos peurs, à notre partenaire et que celui/elle-ci se trouve simplement réjoui/e de découvrir cette partie de nous ?