Bien souvent, quand nous disons « je t'aime » nous ne sommes pas tout à fait sincère car nous sous-entendons généralement « je t’aime si tu m’es fidèle ; je t’aime si tu te comportes de telle manière quand je suis là, et de telle manière quand je ne suis pas là ; je t’aime si je suis ta priorité ; je t’aime si tu es d'accord avec moi sur … » ; c'est ce que l'on peut appeler de l’ « amour-si », de l’amour conditionné, de l’amour égocentré, de l'amour-attentes ; l’amour-si naît de l'envie de correspondre à la norme sociale1 et/ou d'une peur : celle de ne pas avoir la maîtrise de la situation, ou celle de s'abandonner à la vie et d'avoir confiance.
Suite à des expériences amoureuses douloureuses nous pouvons être amené/e à choisir d'aimer que si l'on nous donne de l'amour en retour, nous estimons avoir besoin de preuves d'amour ; nous allons mettre au point des stratagèmes « par sécurité » pour tester notre partenaire, et s'assurer de ses bonnes intentions afin de savoir si nous pouvons avoir confiance, et s'il/elle est prêt/e à faire des sacrifices pour nous.
Mais il n'y a pas de preuve d'amour : l'amour est la preuve ! Pour en prendre conscience il nous faut être connecté à notre sensibilité. On ne peut pas donner de l’amour pour en avoir en retour, ce que l’on donne alors c’est de l’amour-si et l'on reçoit en juste mesure de l'amour-si ; notre mental peut s'en contenter pour un temps, mais notre âme finira par s'en désoler, et le bonheur ne sera pas au rendez-vous.
Si à travers le filtre de nos expériences passées nous avons développé une image de l'amour comme étant source de souffrance, alors à chaque fois que se présente une situation par laquelle l’amour entre en jeu, nous sommes déjà préparé à souffrir ; nous allons probablement chercher à avoir plus de contrôle dans nos relations pour contenter notre ego apeuré croyant ainsi éviter de souffrir à nouveau, nous allons être sur nos gardes ; nous entretenons les conditions de notre malheur.
Nous pouvons supposer que notre partenaire va agir de telle ou telle manière, qu'au fond il/elle veut telle ou telle chose, même s'il/elle ne le nous dit pas ou qu'il/elle nous dit autre chose (on le/la considère alors comme un idiot/e, qu'il/elle ne sait pas vraiment ce qu'il/elle veut, ou alors qu'il/elle ment), etc.
Nous allons faire toutes sortes d'hypothèses qui vont maintenir le mental aux commandes et qui ne nous permettent pas d'être présent à l'amour : notre conscience reste focalisée sur notre mental.
Nous sommes nombreux à nous mettre en quête de l’amour et à croire sincèrement pouvoir le trouver dans les illusions du mental ; or la perspective du mental entretient des attentes et un attachement émotionnel vis à vis de notre partenaire et cela finit souvent par générer de la frustration pour nous et notre partenaire.